En comparaison de leurs ainées, et surtout des hommes de tous âges, les jeunes femmes sont à l'évidence insuffisamment présentes dans les structures publiques. Celles-ci sont masculines et gérontocrates, et privilégient la participation sous ses formes institutionnelles et institutionnalisées. Or la critique féministe montre que tout rapport de pouvoir, de domination ou de subalternité, est politique. Ainsi, la vraie question n'est plus tant de chercher les jeunes femmes là où elles sont rares que d'accepter de reconnaître la valeur politique de leur active participation dans les
espaces où elles sont. En partant du postulat que la politique est ce qui organise le lien et la participation ce qui le fait vivre, alors les jeunes femmes apparaissent participer activement, bien qu'en position triplement subalterne. Elles sont confinées à l'espace domestique du care (soin à autrui) dans leurs communautés d'appartenance où elles constituent un enjeu de reproduction et/ou de changement à contrôler. Promouvoir la participation citoyenne implique de favoriser l'égale valeur politique de chacun des espaces (domestique, public, social et de la rue) socialement assignés aux genres et aux générations. De plus, les institutions de l'Etat n'ont pas à être les seules responsables du changement sociétal, en particulier dans le contexte de crise induite par l'hypermodernité qui touche aussi les Etats ouest-africains. Les jeunes femmes contemporaines, voient dans l'usage politique quotidien qu'elles font des réseaux sociaux virtuels, un espace de libertés nouvelles qui coexiste avec l'imaginaire postcolonial de domination. Malgré ces possibilités inédites de délocalisation et d'ubiquité, les jeunes femmes, réticentes aux risques d'une autonomisation transgressive, maintiennent dans le réel des liens dont elles ne veulent pas s'affranchir.
Pour accéder au document : http://www.afriquescreatives.org/antigonesafricaines.pdf
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