Des Organisations de la société civile africaine de plus de 30 pays se sont réunies à Maasai Ostrich Resort and Farm, District de Kajiado, Kenya, du 14 au 15 février 2013 lors d’un atelier sur la durabilité environnementale et les changements climatiques organisé conjointement par PACJA et Christian Aid.
L’objectif consistait à échanger des informations sur les progrès réalisés en Afrique dans le cadre des discussions sur l’après Rio+20 et à mettre l’accent sur l’urgence et l’importance de la durabilité environnementale et des actions contre les changements climatiques au niveau du Document-cadre sur l’après-2015.
Lors du Sommet des Nations Unies sur Rio+20, les dirigeants du monde se sont engagés à « assurer la promotion d’un avenir durable au plan économique, social et environnemental pour notre planète et pour les générations présentes et futures ». Partageant la même vision, les Organisations de la société civile demandent aux dirigeants de prendre des décisions immédiates et audacieuses ainsi que des mesures nécessaires permettant d’obtenir l’avenir que nous voulons pour tous.
L’année 2015 constituera une année cruciale pour la planète et les générations futures étant donné qu’elle sera une année de passage des Objectifs du millénaire pour le développement aux Objectifs de développement durable escomptés. Des négociations fructueuses portant sur un pacte mondial sur le climat et l’adoption d’objectifs de développement durable serviront de plateforme à une importante percée. Nous exhortons les dirigeants du monde à faire preuve d’un leadership pertinent et à ne pas condamner les pays en développement à une situation désastreuse. Il est temps que nos dirigeants se mettent du côté de leurs peuples et prennent des décisions qui répondent aux aspirations de ces derniers.
Conscients de la nécessité de renforcer la prise de conscience et la participation de tous les partenaires aux consultations actuelles sur l’après-2015, nous en appelons à l’amélioration des possibilités d’engagement à tous les niveaux pour une prise en compte des priorités des communautés vulnérables, autochtones et locales au niveau du prochain programme de développement. En tant que société civile, nous nous employons à parvenir à des résultats qualitatifs et quantitatifs.
Dans le cas particulier de l’Afrique, la pauvreté est liée à divers facteurs tels que le faible niveau d’éducation, l’analphabétisme, la mauvaise gouvernance, les effets des changements climatiques, etc. Comme tel, la voie est tracée aux intérêts partisans et à une avidité insatiable pour les ressources. Les efforts d’éradication de la pauvreté seront toujours fragilisés si aucun changement notable n’a lieu au niveau du mode de vie et des modèles de production et de consommation des pays développés. Ainsi, de manière inévitable, les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables, y compris les femmes et les groupes autochtones, souffriront davantage si les gouvernements n’agissent pas.
Par conséquent, nous :
1. Recommandons que le programme de développement durable de l’après-2015 s’appuie sur le principe du pollueur-payeur, le principe de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, l’équité et la justice climatique. Tous les pays devraient contribuer à la réalisation d’un monde plus durable au moyen d’actions fondées sur des niveaux de consommation, de stratégies de développement à faible intensité de carbone, de capacité d’adaptation aux effets des changements climatiques. Ils devraient également réduire les risques et faire face aux catastrophes.
2. Demandons l’accès aux technologies propres qui soient appropriées et abordables. De telles technologies devraient être conformes aux normes internationales en matière de bonnes pratiques, devraient encourager l’utilisation de sources d’énergie renouvelables ainsi qu’envisager et soutenir l’utilisation de technologies nationales et traditionnelles.
3. Exprimons notre profonde inquiétude vis-à-vis des effets des changements climatiques qui constituent une catastrophe planétaire. Nous faisons face à une véritable crise climatique surtout au regard de l’ampleur actuel de la dégradation de l’environnement et des pratiques destructrices y afférentes. Ainsi, nous envisageons un monde en conflit sur la gestion des ressources naturelles. Le Document-cadre sur l’après-2015 ne connaîtra aucun succès si nous ne prenons pas en compte les réalités locales.
4. Réaffirmons que les moyens de subsistance des populations des pays en développement dépendent en grande partie de l’agriculture à petite échelle, du pastoralisme et de l’accès à l’eau potable. Nous considérons que la malnutrition et l’accès insuffisant à l’eau constituent des crimes contre l’humanité en ce 21ème siècle. Par conséquent, il est temps de réduire la distance qui sépare ces pays du développement, à savoir la distance qui les sépare de la sécurité alimentaire, de l’éducation, de la santé et de l’autonomisation.
5. Notons que les modèles courants de développement économique sont caractérisés par des habitudes de consommation coûteuses qui exercent une pression excessive sur la gestion durable des ressources naturelles y compris la protection de la biodiversité. Nous en appelons à un passage de l’exploitation massive de ressources à une durabilité de ressources.
Considérant la situation actuelle, le Document-cadre sur l’après-2015 doit aborder, en tant que priorité, l’éradication de la pauvreté, l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques en ciblant les points suivants :
i. La lutte contre la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition ;
ii. L’amélioration de l’accès à l’eau potable et saine ainsi qu’à un assainissement adéquat ;
iii. La promotion de la gestion durable des ressources en eau ;
iv. L’accès à une éducation de qualité et à des services de santé de qualité ;
v. La promotion de l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables ;
vi. L’accès équitable et universel aux services sociaux et à la protection sociale ;
vii. La réduction de la vulnérabilité et la promotion de la capacité de résilience, y compris la résilience aux effets des changements climatiques ;
viii. L’utilisation appropriée et la gestion intégrée des ressources naturelles ;
ix. La création de possibilités d’emplois décents ;
x. L’accès à l’énergie verte et propre ;
xi. L’accès privilégié à des technologies écologiquement rationnelles et le transfert de technologies écologiquement rationnelles, y compris l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques ; et
xii. La promotion de la paix et de la sécurité.
Les gouvernements et les institutions régionales devraient assurer la mise en place de mécanismes adéquats d’élaboration, de validation et de mise en œuvre de plans d’action globaux de développement durable au niveau transfrontalier, régional et national. En outre, les procédures budgétaires relatives aux programmes de développement durable devraient être transparentes et participatives et respecter les principes de bonne gouvernance.
Source:ecoecolo.org
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