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Les femmes, une majorité non représentée à l’élection présidentielle du 5 octobre

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Cette année, plus de la moitié des électeurs de l’élection présidentielle du 5 octobre sont des femmes, et trois candidates sont en lice pour la présidence. Pourquoi ne parle-t-on pas des questions féminines dans ces élections ? Les 3 candidates à l’élection présidentielle brésilienne de 2014 : Dilma Rousseff, Marina Silva et Luciana Genro

Pour la première fois à une élection à la présidence au Brésil, deux femmes apparaissent à égalité dans la course pour le premier tour. Depuis que sa candidature a été lancée après la mort d’Eduardo Campos, Marina Silva (Parti socialiste brésilien) dispute à la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) la préférence des votes. Une autre femme apparaît également parmi les candidats, Luciana Genro (Parti socialisme et liberté, alias PSOL), qui, selon les sondages, a peu de chances de se maintenir au second tour.

Femme brésilienne défiant la brutalité policière

Avec une représentation féminine de cette importance, il serait naturel de s’attendre à ce que les questions qui préoccupent les femmes soient à l’ordre du jour dans le débat électoral. Mais en pratique, ce n’est pas le cas. Une enquête, menée en 2012 par l’Institut Patrícia Galvão en partenariat avec Data Popular et SOS Corpo, a révélé les trois grandes revendications des femmes pour les prochaines élections : des services plus efficaces en matière de santé (97 %), un transport public plus efficace (88 %) et des écoles à temps plein pour leurs enfants (83 %). Aujourd’hui, cependant, ces questions sont traitées de manière générale.

Manifestation pour les droits des femmes

Sur les 142,4 millions d’électeurs qui doivent voter dans les élections de cette année, 52 % sont des femmes. Cette année aussi, le nombre de femmes en lice pour un poste électif a augmenté de 46 % par rapport aux élections de 2010. En outre, depuis plus de dix ans, les femmes représentent la majorité de la population, 51 %, selon l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística alias IBGE).

Femmes bénéficiant de la « bourse familiale »

Mais les chiffres montrent que cela n’avance à rien d’être la majorité dans un pays où cette majorité a peu de pouvoir. Dans le domaine économique, la différence entre les salaires des hommes et celui des femmes ne fait qu’augmenter. Selon l’IBGE, en 2009, les hommes gagnaient 24% de plus que les femmes. En 2010, 25 % de plus et, en 2012, la différence s’élève à 25,7 %. Dans la sphère sociale, entre 1980 et 2010, 92.000 femmes ont été assassinées, dont 43.700 seulement dans la dernière décennie, ce qui représente une augmentation de 230 %.

Femmes brésiliennes travaillant dans la construction

La candidate du Parti socialisme et liberté (PSOL), Luciana Genro, est la seule qui parle ouvertement de questions comme l’avortement. Son programme de gouvernement contient un chapitre entier consacré aux questions liées aux femmes, divisé en dix sous-thèmes :

 

  • la lutte contre la violence contre les femmes,
  • l’augmentation de l’offre de places dans l’éducation de la petite enfance,
  • la légalisation de l’avortement,
  • la défense d’un accouchement humanisé,
  • l’équité salariale,
  • l’augmentation des congés maternité/paternité,
  • une réforme politique visant à renforcer la participation des femmes,
  • une éducation non-sexiste,
  • la défense des femmes noires,
  • la lutte contre la lesbophobie et la transphobie.

 

Pourtant, Genro est loin d’être la candidate la plus féministe du pays. Son projet concerne beaucoup plus le domaine économique que celui du genre.

La présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs alias PT) et sa rivale Marina Silva (Parti socialiste brésilien alias PSB) abordent peu les questions importantes pour les femmes. Dans ce qui est appelé le Programme de gouvernement de Rousseff (le Parti des travailleurs n’a pas dévoilé tout son programme de gouvernement), le texte se réfère à la Maison de la femme brésilienne [1] comme quelque chose de décisif pour combattre la violence et pour promouvoir l’égalité entre les femmes. Sur 42 pages, c’est la seule mention qui soit faite des femmes dans le programme.

Dans le programme de gouvernement de Marina Silva, en revanche, un chapitre est dédié aux femmes, avançant des propositions comme la création d’un Fonds public pour les femmes et le soutien à l’entrée des femmes dans le marché du travail formel, ainsi que d’autres propositions plus vagues comme stimuler la création de crèches à travers le pays. La candidate ne donnant pas de chiffres, ces propositions sont difficiles à mesurer.

Bien que le genre ait été peu exploité pour discuter des propositions, cela n’empêche pas les candidates d’utiliser leur condition de femme lorsque cela leur convient. Quand elle a commencé à être la cible des attaques de Rousseff, Marina Silva en est venue à déclarer qu’elle n’agresserait pas une autre femme. La présidente, quant à elle, s’est défendue des critiques sur ses manières autoritaires, en répondant que ce n’est pas parce qu’elle est une femme qu’elle devrait forcément être douce. Et que si elle était un homme, personne ne lui ferait une telle remarque.

Marina Rossi


Traduit par Nathalie Paysage pour Tlaxcala

 

Source : The Vineyard of the saker

 

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