Techniciennes, ingénieures, cadres: les femmes se heurtent toujours à des difficultés dans les entreprises, qui prennent des formes différentes selon leur place dans la hiérarchie. Ayant mené une centaine d'entretiens semi-directifs avec des salariées d'une grande entreprise, les chercheurs du Cereq délivrent un constat sans appel: la féminisation de certains métiers techniques ne va pas sans résistance dans des bastions historiquement masculins.
L'hostilité ou, paradoxalement, la bienveillance, sont les deux avatars d'un sexisme qui s'exprime de façon agressive ("t'as voulu venir là, maintenant tu te débrouilles!" comme l'exprime une technicienne) ou sous couvert de protection due à la femme, "j'ai travaillé avec un collègue (...) qui ne voulait pas que je me salisse les mains" témoigne une autre, (...) en étant trop protecteur, il ne me faisait pas travailler!". Des attitudes qui trouvent leur pendant dans les relations avec les clients: "Même si je suis avec un jeune stagiaire (le client) va s'adresser à l'homme plutôt qu'à la femme"...
Femmes au bord du burn-out
Comment résistent-elles? "Face à ce sexisme ordinaire, les attitudes de défense des femmes divergent", analysent les chercheurs. A côté du "profil bas" ou de la tendance à en faire "deux fois plus", elles peuvent aussi remercier les auteurs de cette forme de "bizutage professionnel dont on sort grandie si on parvient à le dépasser..."
Côté cadres, c'est encore et toujours la question de la maternité qui apparaît comme un frein supplémentaire pour progresser ou se maintenir dans son emploi, d'autant plus insurmontable dans un contexte économique tendu. Soumises à un rythme de travail de plus en plus stressant, auquel se plient leurs homologues masculins, certaines femmes se sont effondrées lors des entretiens avec les chercheurs. "Ma santé s'était vraiment dégradée.... J'avais beaucoup maigri, j'étais très faible [elle pleure]. (...) Quand est arrivé le deuxième enfant, le fait de courir, d'avoir énormément de trajet, je m'en sortais plus!" témoigne une femme ingénieure, mère de trois enfants. "
La réponse au surcroît d'activité consiste souvent à empiéter sur son temps hors-travail, sur ses soirées, parfois ses heures de sommeil ou ses week-ends", explique le Céreq. Avoir des enfants, des temps de transport important et une surcharge de travail mettent ainsi certaines femmes au bord du burn-out. "Si les accords sur l'égalité professionnelle favorisent l'émergence de femmes dans des métiers dits d'homme, "l'accès à certaines places dans l'entreprise leur est contesté", constate le Cereq. Sans accompagnement, les femmes restent bien en butte à des préjugés sexistes profondément ancrés...
* Femmes dans des "métiers d'hommes": entre contraintes et déni de légitimité. Lire l'étude du Cereq(Centre d'études et de recherches sur les qualifications).
Source: L'expressL'emploi
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