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Nigeria: Les « épouses » de Boko Haram, libres mais stigmatisées

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Au lieu d'être admirées pour leur bravoure, bon nombre d'entre elles sont rejetées par leur communauté et stigmatisées à cause de leurs prétendus liens avec Boko Haram. D'autres, qui se sont retrouvées enceintes après avoir été violées par leurs ravisseurs, sont pointées du doigt et accusées de donner naissance ou d'essayer de donner naissance à de futurs combattants de Boko Haram.

« Elles ont vécu une expérience terrifiante, mais ... Boko Haram fait l'objet d'un tel mépris que tous ceux qui sont identifiés au mouvement sont victimes du même dénigrement », a expliqué à IRIN Mausi Segun, chercheuse pour l'organisation Human Rights Watch, qui s'est entretenue avec plusieurs femmes.

Nous n'avons pas de chiffres précis, mais le gouvernement a indiqué qu'un pourcentage « alarmant » de filles enlevées par Boko Haram sont enceintes.

Enceintes et rejetées

Lami,* qui était âgée de 19 ans quand elle a été enlevée à Gulak, le siège administratif de Madagali, se souvient du jour où elle a été capturée.

« Ils ont attaqué notre village, brûlé les maisons et les églises, alors nous avons décidé de partir, en laissant derrière nous nos parents âgés », a-t-elle dit à IRIN. « Nous nous sommes enfuis dans la brousse, mais ils [Boko Haram] se sont lancés à notre poursuite avec leurs motos et nous ont menacés de nous tuer si quelqu'un résistait ».

Les premiers mois qu'elle a passés en captivité auraient suffi à démoraliser n'importe qui. Lami a dit que, comme les autres captives, on l'avait obligée à assister au « massacre » d'hommes, de femmes et d'enfants. Bon nombre de filles ont été forcées de se marier et de s'occuper de « maris » qu'elles ne connaissaient pas.

Après plusieurs tentatives d'évasion infructueuses, Lami a dit qu'elle avait presque perdu l'espoir de rentrer chez elle un jour.

Mais la vigilance des gardiens s'est relâchée et, un jour, elle a réussi à s'enfuir. Elle est rentrée dans son village et a appris que son père avait été tué par Boko Haram.

Elle a vite découvert qu'elle était enceinte de l'enfant de son « mari ».

Aujourd'hui enceinte de huit mois, Lami a dit qu'elle faisait l'objet de menaces constantes parce que son ventre s'arrondissait.

Les hommes du village ont fait savoir qu'ils ne tolèreraient pas les enfants de Boko Haram.

« Les villageois me rejettent à cause de ma grossesse », a-t-elle expliqué. « Je sais que certains seraient contents que je meure. Bon nombre d'entre eux disent même que je devrais me faire avorter. Ils ont menacé de me tuer et de tuer le bébé ».

Les groupes d'auto-défense rendent « justice »

Certains habitants du nord-est du Nigeria ont pris les armes pour protéger leur communauté de Boko Haram. Ils ont aussi estimé qu'il était de leur responsabilité d'appliquer la loi islamique qui considère que la grossesse hors mariage est illégitime, à moins que la mère ne soit en mesure de démontrer qu'elle est tombée enceinte contre sa volonté.

Malheureusement, bon nombre de membres de la communauté refusent de croire que les filles enlevées ont été forcées de se marier, et ils continuent de se méfier de ces femmes et de leurs enfants à naître.

« Si l'on découvre qu'une femme est enceinte, dans notre tradition, la grossesse est considérée comme haram [illégitime] », a dit à IRIN le chef d'un groupe d'auto-défense, qui a dit s'appeler Mallam Ahmadu. « Nous ne pouvons donc pas les accepter, car ils peuvent être comme des bébés serpents ».

Prenons l'exemple d'Asabe*, âgée de 20 ans. Elle a été enlevée lors d'une attaque de Boko Haram, alors qu'elle assistait au service religieux du dimanche, et a été retenue captive pendant cinq mois. Elle a dit que personne ne voulait croire qu'elle avait épousé son ravisseur pour sauver sa vie.

« Ils nous ont enlevées et nous ont emmenées jusqu'à leur base, à Bita, puis ils nous ont conduites à Gwoza », a-t-elle expliqué. « C'est à Gwoza qu'ils nous ont forcées à les épouser après avoir menacé de nous tuer. Ils ont tué toutes celles qui ont refusé leurs demandes. J'ai été mariée à l'un de leurs chefs, ils l'appelaient Ameer ».

Asabe a dit qu'elle priait chaque jour pour « sortir de leur tanière ». L'armée a fini par attaquer le repaire de Boko Haram où elle se trouvait. Asabe a réussi à s'enfuir pendant les affrontements. Comme Lami, elle s'attendait à recevoir un accueil chaleureux en rentrant chez elle.

Au lieu de cela, elle a subi la stigmatisation et la rancœur.

Lire la suite sur le site de AllAfrica

 

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