Les États représentés à l’ONU se sont engagés le 22 septembre à « tenir la promesse » des Objectifs du millénaire pour le développement décidés il y a dix ans. Mais aucune disposition contraignante sur les ressources nécessaires n’a été prise. La date butoir de 2015 sera difficile à tenir.
Par François Tcherkessof
Lors du sommet de l’ONU qui s’est achevé à New-York le 22 septembre, le secrétaire général de l’organisation, Ban Ki-Moon, n’a eu de cesse de répéter qu’il est possible d’atteindre les OMD d’ici à la date butoir de 2015. Les progrès constatés par le rapport des Nations Unies sur les OMD démontrent que ces objectifs peuvent être atteints : les enfants allant à l’école sont par exemple plus nombreux depuis 2000 en Afrique sub-saharienne et la mortalité infantile a baissé. Concernant les deux objectifs les plus en retard – la santé des femmes et des enfants -, Ban Ki-Moon a annoncé un programme de 40 milliards de dollars apportés par des gouvernements, des philanthropes et des groupes privés.
70 millions d’enfants privés d’école
Les ressources consacrées à l’aide au développement restent cependant insuffisantes. Et elles se sont raréfiées du fait de la crise économique et financière déclenchée il y a deux ans. La demande des organisations non gouvernementales (dont le Secours Catholique) visant à inscrire l’Aide publique au développement dans des budgets contraignants, est restée lettre morte. Dans leur déclaration finale au sommet de New-York, les chefs d’État ne s’engagent qu’à « tenir les promesses » des huit objectifs du millénaire : réduire de moitié la pauvreté extrême, promouvoir l’éducation, l’égalité des sexes, la santé maternelle, combattre la mortalité infantile, le sida et le paludisme, préserver l’environnement. Or le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 842 millions en 1992 à un milliard en 2009 et celles n’ayant pas accès à l’eau potable sont également un milliard. 70 millions d’enfants ne vont pas à l’école.
Quelle contribution des industries extractives ?
Grégoire Niaudet, du département Plaidoyer international du Secours Catholique, a défendu, auprès des délégations présentes à New-York, la possibilité d’une autre source pour financer le développement : les considérables richesses des industries extractives. Pour que celles-ci profitent à la population, il est nécessaire de faire progresser la transparence financière des sociétés minières et des États sur le territoire desquels elles opèrent : combien de barils de pétrole ou de tonnes d’uranium vendus, à quel prix, quel montant de fonds transférés aux États, quelle utilisation de ces fonds… ?
Grégoire Niaudet donne en exemple les États-Unis, qui « n’ont pas attendu que le monde se mette d’accord pour légiférer sur la transparence financière de leurs industries extractives ». Par ailleurs, un groupe de prêtres africains conduit par Mgr Louis Portella-Mbuyu, président de la Conférence des évêques du Congo-Brazzaville, soutenait la même exigence lors de son passage à Paris, du 10 au 13 septembre. La meilleure aide, a souligné la délégation africaine, c’est de laisser les populations d’Afrique tirer directement profit de leurs ressources naturelles. Cela implique, en particulier, d’exiger la transparence des industries extractives. Il faut aussi un réveil des populations pour qu’elles deviennent actrices des OMD, recommande Mgr Portella. Tant que ce ne sera pas le cas, l’aide restera insuffisante. (voir rubrique Actualité du 14 septembre)
Les progrès dans ce sens dépendent en partie de grandes négociations internationales. L’idée d’une taxation des transactions financières pour compléter le financement du développement a été relancée au sommet des OMD par Nicolas Sarkozy. Sur ce sujet, « il faudra agir lors des G 8 et G 20 de 2011 [sommets des pays les plus industrialisés, sous présidence française] », exhorte Grégoire Niaudet. Et « Ca se négociera entre Américains, qui commencent à s’ouvrir à cette proposition, et Européens, qui devront s’engager plus résolument sur la transparence financière » , pressent-il.
Source: AWID