Ulrich Vital Ahotondji
COTONOU, 27 avr (IPS)
«Le gouvernement du Bénin a donc jugé nécessaire d’introduire, entre autres, la technique canadienne de Gestion active de la troisième période de l’accouchement (GATPA) pour sauver les femmes de l’hémorragie de la délivrance», indique à IPS, Dr Daraté qui est un médecin gynécologue obstétricien.
Selon Daraté, la GATPA est une «intervention qui permet de sortir aisément le placenta et d’assurer la rétraction de l’utérus». La GATPA est connue aussi sous son sigle en anglais (AMTSL). Elle a été introduite au Bénin en 2003.
Le professeur José de Souza, chef service de la Clinique universitaire de gynécologie et d’obstétrique à Cotonou, renchérit cette définition, expliquant à IPS: «La GATPA est une traction progressive et contrôlée du placenta. Elle permet le décollage du placenta après la naissance du bébé et évite les hémorragies du post-partum, c’est-à-dire les hémorragies de la délivrance».
Pour atteindre les objectifs de la GATPA, un vaste programme de formation des agents de santé a été lancé avec le soutien du budget national et de quelques partenaires du Bénin. «Les 34 zones sanitaires du Bénin ont été couvertes par la formation», souligne Daraté.
Mais, certaines cliniques privées du Bénin ont également bénéficié de cette formation. Selon Laurence Odounlami Monteiro, présidente de l’Association des sages-femmes du Bénin, son groupe a formé une trentaine de centres de santé privés qui font aujourd’hui la fierté de cette technique dans le pays.
Flore Abalo, une sage-femme bénéficiaire de cette formation, pense que «la GATPA est une technique très importante qu’il va falloir apprendre à toutes les sages-femmes sur toute l’étendue du territoire national. Elle a considérablement amélioré la qualité de nos prestations».
Yollande Johnson, une autre sage-femme, témoigne que «la GATPA a largement contribué au succès des accouchements dans sa clinique. Ce qu’il faut prioriser maintenant, c’est l’approvisionnement en sang», ajoute-t-elle.
Toutefois, en dépit des nombreux succès obtenus par la GATPA, des femmes continuent à mourir de l’hémorragie de la délivrance. Un exemple récent: Armelle, une jeune femme de 30 ans, en est décédée encore le 6 avril à Cotonou, la capitale économique béninoise.
Marcelle Totchénou, chef de la division santé de la mère au ministère de la Santé, explique à IPS que lors de la phase pilote de la GATPA, une évaluation a démontré que les décès par hémorragie de la délivrance ont été réduits de 50 pour cent.
Un rapport d’évaluation nationale des besoins obstétricaux et néonataux d’urgence est en cours de validation dans le pays. Daraté estime que ce rapport permettra de savoir le taux atteint par le Bénin en 2011 dans la réalisation de l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD-5) qui vise à réduire de trois-quarts la mortalité maternelle d’ici à 2015.
Selon Dr Daraté, les agents de santé n’ont pas tous assimilé la technique. «Lors de la première évaluation de la GATPA, il y a environ cinq ans, nous avons noté qu’à peine 13 pour cent des personnes formées la pratiquaient bien. Nous avons alors intensifié les formations».
Par ailleurs, la 4ème enquête démographique de santé est en cours au Bénin. «Les résultats nous permettront d’évaluer à nouveau les diverses techniques mises en œuvre», indique-t-il.
Si dans le secteur public, les formations continuent, par contre dans le privé, le renforcement des capacités des agents de santé est au ralenti. Montéiro plaide pour une reprise rapide des formations dans le privé. «Nous avons aujourd’hui près de 4.000 cliniques privées au Bénin, autorisées ou non. Pour réellement avoir des résultats probants, il faut renforcer le privé car, bien souvent, le danger vient de ce côté-là», souligne-t-elle.
Dr Daraté partage cet avis, affirmant: «Il faut continuer inlassablement la formation car tant que nous n’aurons pas atteint les Objectifs du millénaire pour le développement, il restera toujours à faire».
Selon le professeur de Souza, la GATPA a certes donné de bons résultats, mais il plaide pour une surveillance médicale efficace pour accompagner cette technique. Il est important, indique-t-il, que les populations soient vraiment éduquées à fréquenter les centres de santé sérieux et que les femmes enceintes aillent à la consultation prénatale.
De Souza souhaite également «que les personnes saines donnent vraiment de leur sang pour sauver les vies en difficulté» puisque, dit-il, «si en dépit de tout, la femme saigne quand même après la délivrance, il faut bien compenser la perte».
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A travers cette section, le ROFAF aimerait informer son audience sur les différents processus en cours pour l’élaboration du nouveau cadre de développement pour l’Après 2015, les actions de mobilisation et de plaidoyer entreprises pour les droits des femmes ainsi que les différentes possibilités d’engagement qui existent encore. En savoir plus