Expert: Maíra Kubík ManoRéponse:
L'exclusion des femmes de la politique institutionnelle fait partie d'une plus grande exclusion de l'espace public. Les femmes, même celles qui travaillent, sont chargées des tâches domestiques, sont davantage impliquées dans la sphère familiale que les hommes et ont pour fonction de se "reproduire", tandis que les hommes ont les rôles les plus importants dans la société, en particulier ceux liés à la politique, la religion et la guerre. Avec le temps, cependant, cette division sexuelle du travail est de moins en moins marquée, grâce à la mobilisation des femmes elles-mêmes.
Entre 2008 et 2011, nous avons fait un pas en avant, dû au fait qu’il y avait la volonté politique de le faire. Au Chili, lors du premier mandat de Michelle Bachelet, son cabinet était paritaire: 50% de femmes, 50% d'hommes. Symboliquement, ceci est très important. Comme l'a si bien remarqué la présidente brésilienne Dilma lors de son discours d’investiture, ceci montre que les filles et les jeunes femmes peuvent rêver d’occuper ces postes un jour. De plus, il semble bien que cette tendance va continuer : les deux candidats les mieux placés pour gagner les élections présidentielles au Brésil en 2014 sont des femmes. L'une d’entre elles, Marina, une femme noire.
Dans la fonction publique, la situation est plus complexe.Les femmes ne représentent que 8,77% dans l’actuelle Chambre des Députés du Brésil et moins de 12% au Sénat fédérale. Ceci est le résultat de toute une structure qui obstrue la participation des femmes en politique: il existe des obstacles quand il s'agit d'obtenir le parrainage et l'aide financière pour les campagnes électorales, une répartition inégale des fonds du parti et du temps de publicité à la radio et à la télévision; un manque de confiance à l’égard des dirigeants et une accumulation d'heures de travail. Il en ressort donc que, parmi ceux qui sont élus, nous retrouvons une majorité d’hommes blancs bourgeois, avec certains émanant d’organes politiques non représentatifs et qui ont plus de chance de recueillir des voix.
Cependant, en 2014, nous notons quelques changements: nous assistons aux premières élections où la présence des femmes à la chambre des députés franchit le seuil des 30% du quota obligatoire. En effet, les élections à la Chambre des députés du Brésil sont effectuées par un système de représentation proportionnelle des sièges. Outre un changement crucial, cela ne signifie pas que nous aurons 30% de femmes élues. C’est une chose que les femmes se présentent en tant que candidates, et c’en est une autre qu’elles soient élues. C’est-à-dire que nous pouvons avoir 30% de femmes candidates et toujours pas un plus grand nombre de femmes élues.
Selon moi, pour aller de l'avant, nous devons aller au-delà du débat numérique. Jusqu'à présent, l'argument a été presque instinctif: si nous représentons 52% de la population, nous ne pouvons pas représenter que 10% des élus au pouvoir.
Les questions à se poser sont les suivantes: quelles femmes représentantes voulons-nous? Quel est le profil des femmes choisies et présentées par les parties politiques? Quelle est la proportion des «candidates fantômes»? (-Afin de répondre aux exigences concernant le quota de 30%, les partis politiques présentent des «candidates fantômes», soient des femmes qui ne savent même pas qu’elles sont candidates).
C'est bien là que le mouvement féministe est nécessaire. Ce n’est pas assez d’être une femme pour régir et faire passer des lois qui favorisent les femmes en tant que « groupe opprimé ». Des propositions telles que la légalisation de l'avortement, si chère au mouvement féministe, ne font pas partie de l'ordre du jour des parlementaires liés aux partis conservateurs ou religieux. Il ne faut pas se contenter de juste voter pour une femme, mais plutôt pour des lois et politiques aussi.
Et pour finir, la page Facebook «Votez pour une féministe", crée cette année est une page très intéressante qui offre une liste de toutes les candidates féministes du Brésil.
Source: IknowPolitics
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