Michelle Bachelet : Les femmes n'ont pas assez de pouvoir. L'enjeu est donc de leur en donner. Quand elles en ont, quand elles se font entendre au niveau politique, quand elles sont actrices de la vie économique et sociale de leur pays, c'est qu'on a su libérer leur potentiel en tant que travailleuses, chef de petites et moyennes entreprises, en tant que dirigeantes dans le secteur privé.
Quand il y a plus de femmes aux postes dirigeants, elles prennent une nouvelle dimension. Là où il y a des femmes en politique, la politique change et gagne en qualité.
Un autre obstacle à l'égalité est la violence à l'encontre des femmes. C'est une pandémie qui se propage dans tous les milieux sociaux, tous les groupes ethniques et toutes les religions. Nous allons continuer à travailler, avec l'Union européenne, sur ce sujet.
Un dernier élément essentiel est de s'assurer que les soucis des femmes soient pris en compte dans les pays en guerre ou qui sortent d'un conflit. Comment aider celles qui ont été battues, violées, mutilées ? La société doit comprendre que c'est le problème de tous et pas seulement celui des femmes.
Comment voyez-vous le rôle des femmes dans les révolutions arabes ?
MB : Je reviens tout juste d'Egypte. La présence des femmes sur la place Tahrir, alors qu'elles manifestaient aux côtés des hommes, ne doit pas être vaine. Cette présence, cette participation, cette perspective ne doivent pas s'éteindre. Les femmes participent à la construction d'une société démocratique. La démocratie, ce n'est pas que le vote, c'est aussi l'intégration, le pluralisme, la diversité… Il y a des opportunités énormes que les femmes doivent saisir.
Vous êtes un exemple de femme qui a réussi… Avez-vous dû surmonter des obstacles du fait de votre qualité de femme ?
MB : J'ai la chance de venir d'une famille qui a toujours considéré que les femmes avaient les mêmes droits que les hommes. Elle m'a toujours soutenue. Je n'ai jamais perçu le monde comme un espace limité pour les femmes. Si quelqu'un travaille dur, met son intelligence, ses capacités et sa passion au service des valeurs et des causes en quoi il croit, il peut réaliser ses rêves.
Je n'ai jamais planifié mon accession à la Présidence de la république mais mon engagement m'a conduit dans le service public, puis je suis devenue ministre de la santé, ministre de la défense… et le pays m'a vue comme une possible présidente. Souvent, les femmes n'ont pas de visibilité dans les cercles liés au pouvoir, et l'image symbolique de femmes exerçant le pouvoir se perd.
J'ai pris des responsabilités politiques tout en conservant mes particularités de femme. Au début, certaines personnes n'ont pas compris que mon style de leadership était différent. Il y a toujours ce genre d'obstacles mais l'important est que les femmes démontrent qu'elles peuvent avoir beaucoup de succès.
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