- Créer un espace d’échanges et de discussion pour les actrices et militantes francophones des droits des femmes
- Favoriser des échanges sur la question de la situation des femmes en Afrique francophone ;
- Rassembler les données disponibles sur la situation des droits des femmes dans chaque pays africain francophone;
- Provoquer des analyses qui abordent la question des droits et devoirs des femmes sous tous ses angles.
- Elaborer des stratégies efficaces sur la base des diagnostics qui seront faits ;
- Eclairer les initiatives du travail des droits des femmes dans la région.
Les échanges et discussions du Forum ont porté sur plusieurs sous-thèmes nommément : Femmes et participation politique, Femmes et violences, Femmes et éducation, Femmes et Droit, Femmes et revenus, Femmes et agriculture, Femmes et santé de la reproduction, Femmes et VIH/ SIDA, Femmes et trafic, Femmes et environnement, Femmes et héritage, Femmes et conflits, Femmes et Technologies d’Information et de la Communication, Femmes et vieillesse, Femmes et Handicap, et Femmes et financement.
La méthode de travail adoptée a été celle des travaux en commission et la restitution en plénière des résultats de ces travaux afin de donner l’opportunité à l’ensemble des participant-e-s du Forum - y compris celles/ceux qui n’avaient pas pris part aux travaux en commission – de contribuer aux résultats des travaux de chaque commission, de les enrichir et/ou de les amender.
RESULTATS DES TRAVAUX DU FORUM
1. Commission « Femmes et Droits »
Les pays représentés lors des travaux de cette commission étaient le Togo, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et la Côte d’Ivoire.
Le diagnostic de la situation des droits des femmes établi par les participantes au Forum a révélé la faiblesse du dispositif réglementaire des lois, la non harmonisation des lois nationales avec les instruments juridiques internationaux et régionaux, le faible taux de scolarisation et d’alphabétisation des filles et des femmes, la non effectivité des textes juridiques, l’irrégularité des rapports périodiques aux comités et l’ignorance des textes juridiques par les femmes.
Après avoir fait cet état des lieux de la situation des droits des femmes en Afrique francophone, les participant-e-s ont identifié plusieurs obstacles qui favorisent ce statut quo et élaboré des stratégies pour les surmonter. Au nombre des obstacles, elles ont relevé la non accessibilité des textes dans les langues locales (en raison du taux élevé d’analphabétisme des femmes), le poids des us et coutumes, l’analphabétisme, la pauvreté, le non respect des textes, la faiblesse des tribunaux et leur non accessibilité aux femmes.
Ensuite elles ont proposé comme stratégies la sensibilisation des deux sexes sur les droits des femmes, la scolarisation des filles et garçons au même titre, la fusion des actions par les organisations féminines (afin d’avoir plus d’impact), l’application effective des textes et lois, la vulgarisation des textes juridiques, la sensibilisation des leaders d’opinion, la traduction des textes juridiques en français courant adapté à tout le monde et aussi en langues nationales, la création d’emplois, le renforcement du pouvoir économique des femmes, l’organisation des lobbyings auprès des gouvernements et l’implication des hommes aux activités de lutte contre la violence des droits des femmes.
2. Commission « Femmes et Participation Politique »
Le diagnostic de la situation de la participation des femmes à la vie politique a révélé l’existence des lois sur le quota dans certains pays d’Afrique francophone (Rwanda, Niger, Burundi, RDC, etc.) Cependant le constat général dans la région demeure l’insuffisance de la représentation des femmes dans les institutions publiques et politiques à l’exception de quelques rares cas comme celui du Rwanda, champion mondial en matière de parité avec 56,3% de femmes dans son parlement.
Les participantes ont ensuite relevé plusieurs obstacles qui entravent à la présence des femmes aux sphères décisionnelles nommément : le manque de confiance aux femmes, l’insuffisance de l’éducation de base et supérieure, le manque d’expérience en politique, le poids des travaux ménagers, l’évolution lente des mentalités des hommes et des femmes, le non accès aux postes de prise de décision, le manque d’ambition, le manque de solidarité entre les femmes, l’insuffisance de volonté des gouvernants, la féminisation de la pauvreté et le manque de ressources.
Pour venir à bout de ces obstacles, les participantes au forum ont proposé plusieurs actions conjuguées dont : l’instauration d’un système de quotas électifs (parité garantie) et constitutionnels (postes réservés aux femmes), l’accompagnement des femmes leaders (à travers le suivi et l’évaluation dès leur élection et durant tout leur mandat), la lutte contre l’éducation sexiste des enfants aussi bien dans les familles que dans les écoles, la sensibilisation sur le genre, le plaidoyer pour l’éducation pour tous et sur la démocratie, le développement communautaire, le leadership pour les femmes, la création de conseils nationaux des femmes, l’encouragement de l’adhésion des femmes aux partis politiques et l’encouragement des organisations de femmes à travailler avec les partis politiques pour les amener à soutenir les idéaux des femmes, la promotion de l’émergence des femmes compétentes et le plaidoyer pour l’inscription des femmes en tête de listes ou en en meilleures positions sur les listes électorales.
3. Commission « Femmes et Education »
Actuellement en Afrique francophone, la situation de l’éducation des femmes est préoccupante, malgré les promesses politiques et les mesures qui sont mises en place par plusieurs pays. Le taux d’analphabétisme demeure encore très élevé chez la population féminine dans tous les pays et le taux de scolarité des filles est plus faible que celui des garçons.
Au nombre des facteurs qui favorisent cette situation, les participantes ont relevé les pesanteurs socioculturelles, les stéréotypes et les préjugées, l’élargissement des structures éducatives, le mariage précoce, le manque de prise de conscience de la population sur l’importance de l’éducation des filles/femmes, le manque de confiance dans le système éducationnel et de formation qu’ils trouvent inadapté aux besoins du marché de l’emploi, la pauvreté.
Les participant-e-s ont élaboré de nombreuses stratégies et recommandations pour renverser la donne : la sensibilisation de masse sur l’importance de l’éducation des femmes et des filles, la formation des enseignants sur le concept genre, l’organisation d’un système de tutorat et de monitoring pour l’encadrement des filles, la lutte contre les violences faites aux femmes, la promotion de l’alphabétisation, la promotion des activités génératrices de revenus, la formation (psychologique) des femmes pour qu’elles n’attendent pas leurs bonheurs des hommes, l’amélioration des conditions de scolarisation des jeunes filles (en mettant en place un système de prime par exemple), la mise en place de système de récupération scolaire des filles déscolarisées et des filles mères, le renforcement de la capacité des femmes dans d’autres matières pour les rendre plus compétitives sur le marché de l’emploi (par exemple en anglais), l’intégration des besoins spécifiques des filles/handicapées dans les appuis apportés (tricycles), l’intégration de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires, l’encouragement de l’éducation sexuelle en famille et la vulgariser du Code de l’Enfant.
4. Commission « Femmes et TIC »
Le diagnostic de l’accès aux TIC et de leur utilisation effective par les femmes a révélé des disparités dans la région. Tandis que dans certains pays (comme le Togo) les TIC sont encore considérées comme des objets de luxe sur lesquels sont perçues des taxes douanières assez élevées, dans d’autres pays comme le Mali et le Sénégal les pouvoirs politiques font beaucoup d’efforts pour favoriser l’accès de leur population aux technologies. Cependant en matière d’accès des femmes aux TIC, le coût élevé du matériel et de la connexion à l’internet constituent encore un défi majeur pour les femmes et les organisations de femmes, qui faute de formation sur l’utilisation des TIC et d’information suffisante sur les opportunités, n’en font pas usage ou en font un usage très limité.
Les obstacles identifiés par les participantes incluent : l’analphabétisme, le manque d’intéressement aux TIC, le manque de temps pour la formation aux TIC (surtout chez les femmes instruites), le coût élevé de la formation et du matériel, les préjugés socioculturels et le manque de moyens financiers pour l’acquisition des matériels informatiques.
Les participantes ont proposé comme stratégies : la démystification de l’outil informatique pour les femmes, le plaidoyer sur la détaxation des TIC, le plaidoyer pour la réduction du prix de la connexion à un niveau raisonnable, l’appui aux ONG féminines en équipement et en formation adéquate sur l’usage des TIC, la multiplication des débats au sein des groupes de femmes sur les enjeux et opportunités des TIC, la sensibilisation sur l’importance des TIC dans la lutte contre la pauvreté et l’autonomisation des femmes en tant que processus complémentaires des droits fondamentaux, la diffusion des bonnes expériences en matière d’usage des TIC (pour le renforcement du pouvoir économique des femmes) et l’encouragement des jeunes filles à s’orienter dans les carrières scientifiques et technologiques.
5. Commission « Femmes et VIH et SIDA »
Tous les rapports mondiaux sur la pandémie du VIH/ SIDA indique que le continent africain en général et l’Afrique sub-saharienne en particulier constitue la région la plus touchée par le VIH/SIDA avec près de 2/3 de personnes vivant avec le VIH et le SIDA. Le nombre de femmes vivant avec et/ou affectées par le VIH/SIDA est en constante hausse (par exemple au Togo sur les 130 000 personnes vivant avec le VIH, 76 000 des femmes (PVVIH)). En raison de la féminisation de la pandémie, les femmes assument une surcharge de travaux domestiques. La situation des femmes PVVIH est préoccupante : elles sont seules à assumer leur statut, manquant de soins appropriés, elles sont rejetées par leur proches (conjoints, familles), souffrent de la stigmatisation, ont des difficultés à vivre leur sexualité et à procréer. Bien que certains pays aient mis en place des programmes de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, beaucoup d’efforts restent à faire pour réaliser le Plan d’Action de Beijing en matière de lutte contre le VIH/SIDA.
Les participantes au forum ont identifiées plusieurs obstacles auxquels nous devons nous attaquer dans notre lutte pour les droits des femmes vivant avec et affectées par le VIH/SIDA. Ceux sont : la polygamie, le problème du port du préservatif, le statut de la femme dans la société (soumise), la stigmatisation, la vulnérabilité des femmes, les préjugés qui diabolisent la maladie, le manque d’informations, l’insuffisance de connaissances sur la maladie en milieu urbain et principalement en zone rurale, le poids de la tradition, des coutumes, et de la religion qui oblige les femmes à supporter, assister et vivre avec leurs partenaires PVVIH, alors qu’elle est moins exigeante envers les hommes dont les femmes sont séropositives.
Les participantes ont en outre élaboré plusieurs stratégies d’actions à mener par nos organisations au niveau local, national et régional à savoir : la sensibilisation des femmes et des hommes (en particulier dans les zones rurales à travers des activités d’IEC/CCC), l’implication des hommes dans le processus de dépistage, dans les activités de prise en charge de leurs femmes PVVIH, la disponibilité des centres de prise en charge au sein des communautés et qui offrent tous les services, le renforcement des capacités des femmes à travers des microcrédits, l’extension des sites PTME à travers tous les pays et sur l’étendu de tous les territoires (action de l’Etat, des OBC), la création d’une synergie d’action entre les différentes structures présentes au Forum, la création d’une base de données (plate forme) par le ROFAF qui permettra aux différentes structures de se répertorier, faire des plaidoyers à tous les niveaux, élaborer un plan d’action, promouvoir les TIC et améliorer les textes de répression au plan national de la contamination volontaire d’autres citoyens avec le VIH.
6. Commission « Femmes et Santé de la Reproduction »
En matière de santé de la reproduction, le diagnostic de la situation établi par les participantes au Forum a révélé le manque d’accès à l’information et à des informations de qualité sur la santé de reproduction (y compris la gestion des méthodes naturelles de planning familial), l’insuffisance et/ou l’accès difficile aux centres de santé, la persistance dans plusieurs pays de pratiques de mutilations génitales (qui ont beaucoup de conséquences sur la vie sexuelle, sociale, économique et familiale et sur la santé des femmes), de mariages précoces, de lévirat et de sororat, la tolérance/l’indifférence de la société lorsque les femmes sont victimes de violences sexuelles. Les participant-e-s ont en outre relevé les difficultés auxquelles font face les femmes en situation de handicap pour gérer leur santé de reproduction. Elles ont souligné le non accès des femmes handicapées aux soins maternels (la plupart des structures sanitaires n’ont pas la formation et les équipements adaptés pour accompagner/soigner les femmes handicapées).
Elles ont identifié plusieurs obstacles notamment : l’insuffisance de soins, de médicaments sur la santé de la reproduction, la non accessibilité aux centres, services, soins et médicaments en matière de la santé de la reproduction, le non encadrement socioculturel des filles, le manque d’éducation sexuelle dans les familles, les structures scolaires, la tradition, les pratiques culturelles, religieuses et coutumières néfastes à la santé de la reproduction, le manque d’informations claires et disponibles sur la santé de la reproduction et la non application des politiques de gestion de la santé de la reproduction.
Au nombre des stratégies qui ont été élaborées, citons: la sensibilisation des femmes sur l’importance la planification familiale, la mise en place des politiques de planification familiale, l’association des hommes à la mise en œuvre des politiques de planification familiale, l’éducation des parents sur les types et les conséquences des mutilations génitales féminines, la lutte contre les préjugés à travers la sensibilisation de la population, le plaidoyer pour que des lois criminalisant les mutilations génitales soient votées, l’intensification des séances de conscientisation sur les mutilations génitales féminines, la sensibilisation sur les conséquences des avortements clandestins, l’encouragement de l’éducation sexuelle à l’école, et dans les familles, la formation des agents de santé à offrir des services de qualité en SSR et avortements, la promotion de la création des centres jeunes (cas de BURKINA : RAJS/BF), la formation des agents de santé à l’approche jeunes, l’intégration, la formation des groupes sociaux à la pair éducation et la multiplication des activités d’IEC/CCC en SSR à travers tout le pays.
7. Commission « Femmes et Handicap »
Le diagnostic de la situation des femmes en situation de handicap a révélé que les filles/femmes handicapées souffrent de la stigmatisation de la part de leurs camarades de classe et collègues de travail, parfois de la surprotection de la part de certains parents (ce qui ne facilite pas le développement normal de l’enfant), elles sont aussi victimes de préjugés culturels (la société les considère comme source de malheurs, comme des incarnations divines, il est dit que si vous épousez une femme handicapée, vous aurez des enfants handicapés). Les participantes ont aussi relevé l’ignorance et le coût élevé de la réadaptation, leur vulnérabilité aux MST/IST, et le manque de formation du personnel soignant (par exemple pour le suivi de la grossesse et l’accouchement des femmes handicapées, manque de tables gynécologiques adaptées).
Plusieurs obstacles entravent le plein épanouissement des femmes handicapées dans la société. Ce sont le manque d’implication des femmes handicapées dans le processus d’élaboration des textes juridiques, les difficultés d’accès aux financements, la discrimination en matière d’accès à l’emploi, l’insuffisance des structures d’accueil étatiques (même si dans certains pays comme le TOGO, beaucoup de reformes ont été faites pour l’amélioration des conditions de personnes en état de handicap), la marginalisation, l’inadaptation des infrastructures (ex, les escaliers non prévus aux personnes en situation de handicap).
Au nombre des stratégies proposées par les participantes pour venir à bout de ces obstacles, figurent la sensibilisation pour un changement de comportement des personnes en situation de handicap, la sensibilisation pour le changement de comportement des personnes handicapées envers elles-mêmes dans la société, le plaidoyer auprès des décideurs pour le réaménagement des infrastructures pour les femmes en situation de handicap, l’incitation de l’Etat à la ratification, la vulgarisation et à l’application des conventions internationales relatives aux droits des personnes en situation de handicap, la prise en charge totale des personnes en situation de handicap, l’accessibilité aux outils médicaux et la formation du personnel enseignant et des maîtresses d’ateliers aux techniques de communication des sourds/muets et des non-voyants (apprendre le braille), l’encouragement de la discrimination positive en faveur des femmes en situation de handicap.
8. Commission « Femmes et vieillesse »
En matière de vieillesse, les participantes au forum ont relevé que le corps des femmes subit des transformations à travers les âges (1ère étape après les menstruations ; 2ème étape après la reproduction et 3ème étape après la ménopause). Elles ont fait remarquer que de nombreuses femmes s’oublient après le mariage et ne prennent plus bien soin de leur corps, ce qui accélère dans bien des cas leur processus de vieillissement. D’autre part la pauvreté, les préjugés, la polygamie et les concubinages de nombreux maris entrainant la marginalisation de leurs épouses font que beaucoup de femmes se laissent aller au vieillissement précoce.
Plusieurs facteurs favorisent le phénomène du vieillissement précoce chez les femmes. Ce sont : le complexe sur tous les plans, la pauvreté, l’isolation suite à une accusation de sorcellerie, l’analphabétisme, le manque d’informations sur les processus de vieillissement, l’insuffisance de traitements spéciaux pour les personnes (femmes) âgées, la non diminution du rythme et de la charge de travail avec l’âge (les femmes âgées assurent seules l’éducation des orphelins du SIDA par exemple).
Pour remédier à la situation, les participantes ont proposé que des activités d’information et sensibilisation soient menées à tous les niveaux, la prise en charge par l’Etat des soins médicaux, la création des centres de rencontre et de loisirs pour personnes âgées entre elles et avec les jeunes, la sensibilisation de l’Etat à inscrire les besoins spécifiques des personnes du troisième âge comme des priorités dans les problèmes de société, l’association de cette couche de la société dans l’élaboration des politiques macros économiques, l’encouragement des femmes à pratiquer des activités sportives, et la sensibilisation de toutes les couches de la population à prendre soins de nos personnes âgées (car demain ce sera nous les personnes âgées dont on devra prendre soin) et celles-ci à s’intéresser aux jeunes.
9. Femmes - Conflits et Violences
Le diagnostic de la relation entre les femmes, les conflits et les violences (physiques, verbales, psychologiques et sexuelles) a révélé l’existence de lois (en Côte d’Ivoire sur l’excision, au Togo et au Niger, en RDC sur toutes les formes de violence. Au Sénégal, la charte sur les mutilations) réprimant les violences dans plusieurs pays. Plusieurs pays ont des codes réglementant la vie sociale et familiale, ratifié des conventions internationales (CEDAW,…) et les ont intégrées ou sont en voie de les intégrer dans leurs législations nationales.
Mais malgré l’existence de ces dispositions, les femmes continuent de subir au quotidien des violences de toutes sortes en raison de plusieurs facteurs sociaux et culturels complexes inter reliés qui les y rendent vulnérables. Ce sont des facteurs d’ordre culturel (rôles sexospécifiques dans les relations, croyance en la supériorité inhérente des hommes, valeurs qui donnent aux hommes des droits de propriété sur les femmes et les filles, notion de la famille comme une sphère privée sous le contrôle de l’homme, dot, acceptation de la violence comme moyen pour résoudre un conflit), économique (dépendance des hommes, accès limité aux ressources et aux crédits, lois discriminatoires relatives à l’héritage, aux droits de propriété, à l’exploitation des terres communautaires, et à la pension après la divorce ou le veuvage, accès limité à l’éducation et à la formation), juridique (statut juridique inférieur des femmes - soit dans les textes juridiques ou soit dans la pratique, lois discriminatoires en matière de divorce, de la garde des enfants, des pensions et d’héritage, définition juridique du viol et des violences domestiques, faible niveau d’éducation juridique, traitement insensible des femmes et des filles par la police), politique (sous représentation des femmes dans les sphères décisionnelles, la politique, les médias et dans les professions juridiques et médicales, la non prise au sérieux de la violence domestique, notion de la famille comme étant une sphère privée et hors du contrôle de l’Etat, absence de remise en question du statu quo des lois religieuses, nombre limité d’organisations de femmes en tant que force politique, participation limitée des femmes dans le système politique organisé) et physiologique en raison de la biologie de la femme, il est plus facile de lui faire subir des relations sexuelles violentes de force surtout en période de conflit quand le viol est utilisé comme arme de guerre.
Les participantes ont élaboré plusieurs stratégies pour améliorer nos interventions sur le terrain notamment : renforcer les capacités des associations luttant contre les violences faites aux femmes, répertorier les lois et tous les instruments juridiques, les traduire afin de les vulgariser, promouvoir des cours d’éducation à la paix en milieu scolaire, faire le plaidoyer pour la ratification, la mise en œuvre et l’application des textes, promouvoir l’éducation sur le genre (l’égalité des sexes), promouvoir la mise en place des cliniques juridiques, des centres d’écoute et des consultations foraines, favoriser l’accès à l’information et à la formation sur les conséquences à court, à moyen et à long terme des violences, mettre en place un système d’alerte précoce pour prévenir les conflits, établir un partenariat stratégique avec les médias, les chefs religieux et les chefs coutumiers, avec toutes les couches de la population dans nos efforts de lutte contre les violences faites aux femmes et la résolution des conflits, élaborer des stratégies efficaces dans nos associations pour la mobilisation des fonds pour la prise en charge des femmes violées, encourager la création d’un comité (genre) au sein de la police ; des départements ministériels, etc., organiser des sessions de formation sur des sujets impliquant les femmes dans le processus de paix, promouvoir la culture de la citoyenneté.
10. Femmes et Environnement
La femme est le principal agent dans la gestion et la dégradation de l’environnement surtout forestière de part la séparation des rôles dans la société, c’est elle qui prélève les bois de chauffage pour la cuisine et la commercialisation (sous forme de charbon). Ce faisant, elle contribue malgré elle à l’accélération du phénomène de la désertification qui menace plusieurs de nos pays. Les participantes ont fait l’état des lieux de l’étroite relation qu’entretiennent les femmes avec leur environnement. Elles ont aussi souligné la destruction des sols par l’usage à outrance des sacs plastiques dans nos pays. Pour renverser la donne, elles ont proposé la sensibilisation de l’ensemble de la population sur les dangers de la dégradation de l’environnement et de la désertification, et l’encouragement d’idées innovantes en matière de transformation des ordures ménagères.
11. Femmes et Agriculture
A propos du diagnostic de la situation, les participantes au forum ont relevé le difficile accès des femmes à la terre, la discrimination dans la mise en œuvre des dispositions du code foncier, la persistance du lévirat et du sororat, le manque de contrôle sur les revenus agricoles, le manque de moyen pour acquérir les intrants, la superposition des droits positifs et du droit coutumier.
Au nombre des obstacles entravant la promotion des activités agricoles des femmes, les participantes ont souligné les politiques d’ajustement structurels imposés à nos pays qui les ont amené à réduire leur financement de cet important secteur pour l’économie de la plupart de nos pays, le changement climatique, l’appauvrissement des sols, l’exode rural, la déforestation et l’imposition des prix des produits agricoles par les acheteurs.
Les participantes ont ensuite élaborées des stratégies susceptibles de renverser la donne à savoir : l’implication des femmes dans les instances de prises de décision, le désenclavement des zones de production (développement des infrastructures routières), l’appui institutionnel, la mise en place des structures de micro-finances (pour les organisations des femmes), la sensibilisation audio visuelle sur les produits chimiques appropriés à l’agriculture, la promotion de la démocratie participative (implication des populations de la base à l’élaboration des plans de développement), le renforcement de la mise en réseau des femmes et de l’échange d’information, la promotion des alternatives à l’agriculture pluviométrique et la renforcement de la solidarité entre les organisations féminines de l’espace francophone travaillant dans le domaine agricole pour l’échange d’expériences.
12. Femmes et Héritage
Les participantes ont relevé qu’en matière d’accès à l’héritage beaucoup de travail reste à faire pour permettre aux femmes de jouir véritablement de ce droit fondamental. Le diagnostic qu’elles ont établi révèle la persistance des us et coutumes, la non adaptabilité des codes de famille (à nos cultures), la persistance du lévirat et du sororat, la persistance des femmes réfractaires au changement à perpétuer les coutumes inégalitaires et l’analphabétisme.
Elles ont proposé comme stratégies l’étude et l’analyse de nos coutumes afin d’y puiser les aspects positifs et de les adapter aux besoins actuels des femmes et la sensibilisation/le renforcement des populations sur le droit égalitaire des femmes à l’héritage.
13. Femmes et Ressources et Trafic
Le diagnostic établi par les participantes révèle que la féminisation de la pauvreté, la non valorisation du travail intense, multiple et invisible des femmes (2/3 des heures totales de travail sont effectuées par les femmes, le travail des femmes est multiple : douze (12) activités par jour contre cinq (5) pour les hommes, et invisible : le travail domestique n’est pas pris en compte par les indicateurs économiques ; il représenterait 30 à 70% du PIB selon les pays), la contribution des femmes à la création de richesse est occultée, l’insuffisance de formation les empêche d’être compétitives, la majorité des femmes travaille dans l’informel, ce qui les empêche d’avoir accès à certains avantages, la peur d’entreprendre, du risque d’échouer, le manque de confiance en soi, le harcèlement des hommes au cours des négociations de marché, le viol et le harcèlement sur les frontières, les risques liés au métier de transport (insulte, incivilité, accidents), la mauvaise qualité des infrastructures (route…) et la faible représentation des femmes dans les services de transport routier alors que les 2/3 des voyageurs sont les femmes
Les participantes ont ensuite relevé plusieurs obstacles dont : la défaillance dans le système d’orientation professionnelle (choix de l’emploi, de la filière), l’influence de la mondialisation, la difficulté d’accès au financement (crédit, prêts) etc., la dégradation de l’environnement, la discrimination au niveau de l’emploi des femmes à des postes de responsabilité.
Au nombre des stratégies proposées, soulignons : le réseautage (ensemble pour gagner leur autonomie), le renforcement de capacité managerielle et organisationnelle des femmes, la promotion du leadership économique féminin, les plaidoyers auprès des gouvernants pour promouvoir l’entreprenariat féminin, la mise en place un fonds de garantie aux initiatives des femmes, les plaidoyers auprès de la BCEAO pour revoir à la baisse les taux exorbitants et les conditions contraignantes des microcrédits, l’encouragement des femmes à s’intéresser à la recherche de créneaux endogènes de financement à la promotion de leur bien-être économique.
14. Femmes et Financement
En matière de financement du travail des droits des femmes, les participantes ont souligné la faiblesse des relations qu’entretiennent nos organisations avec les donateurs qui se limitent souvent à une relation verticale peu fructueuse, l’inexistence d’une plate forme des organisations des femmes qui pourrait être leur interlocutrice efficace auprès des donateurs, un très pauvre accès aux TIC et partant aux informations sur les sources de financement, le constat d’un financement disproportionnel de certaines activités (les activités financées sont le VIH / SIDA, le trafic des enfants, la participation à la vie politique ; les moins financées sont les droits sociaux, la recherche, la communication) et le difficile accès au financement des organisations de femmes vivant avec un handicap.
Les participantes ont identifiés comme obstacles à l’accès des organisations de femmes francophones aux sources de financement la barrière linguistique, des plans d’actions des organismes de financement souvent en inadéquation avec les besoins réels des femmes sur le terrain, la promotion à tort du micro crédit comme solution miracle aux problèmes économiques des femmes.
Les participantes ont élaboré plusieurs stratégies nommément :
- Etablir un lien entre les spécialistes de la recherche et les organisations de femmes
- Provoquer les relations bailleurs-organisations
- Mettre en évidence la notion de complémentarité entre les organisations de femmes
- Mieux orienter les financements afin de juguler le concept qui veut que la femme soit une « mineure à vie »
- Faire du plaidoyer pour que les donateurs uniformisent si possible les critères d’octroi de subventions
- Monter des clips vidéo pour la présentation des projets qui expliquent mieux les activités de l’organisation afin de contourner les problèmes de visa et billets d’avion
- Identifier les bailleurs de fonds qui ne passent pas par les banques pour le financement des activités de microcrédit
- Initier des sessions de formation de formatrices pour assister les femmes à la gestion des emprunts
- Approfondir la réflexion sur l’impact réel des micros finances ou micro crédits sur les femmes et la meilleure manière de les gérer pour qu’ils profitent aux femmes
- Constituer des lobbyings (groupes de pression) afin d’interpeller les décideurs
- Initier des formations en montage de projets au niveau local/ national
- Répertorier les bailleurs potentiels ainsi que leurs canevas et domaines d’intervention
- Travailler à l’amélioration des relations entre les partenaires financiers et les organisations féminines.
CONCLUSION
Le premier Forum régional du Réseau des Organisations féminines d’Afrique francophone (ROFAF) sur la « Situation des droits des femmes et de l’égalité des sexes en Afrique francophone » a officiellement pris fin le 26 mars 2009 à Lomé. Les trois jours du forum furent des moments d’intenses travaux pour faire le diagnostic de la situation réelle et actuelle des droits des femmes, identifier les obstacles qui entravent la jouissance effective par les femmes de leurs droits humains malgré tout le travail qu’effectuent nos organisations sur le terrain depuis de nombreuses années, et pour élaborer ensemble des stratégies efficaces pour les contourner/surmonter. A la fin des travaux, les participantes ont pris de sérieux et fermes engagements pour que ce forum ne ressemble pas aux réunions précédentes auxquelles plusieurs ont participé et qui après quelques mois et années ne produisent aucun changement. C’est pourquoi dès le début du Forum (au cours de la cérémonie d’ouverture), le ROFAF a annoncé son engagement de convoquer dans trois ans une rencontre d’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre des recommandations du Forum, un engagement qu’il a - par la voix de sa présidente - réitéré au cours de la plénière de clôture du Forum. Déjà le ROFAF et ses organisations membres ont commencé à traduire en projets les différentes stratégies identifiées et nous pensons que nous aurons des résultats concrets à partager avec vous en 2012.
< Précédent | Suivant > |
---|