Comme le note l’ONU, si quelques progrès ont été constatés dans certaines régions du monde, les taux de sous-alimentation et de malnutrition restent globalement très élevés et l’objectif de réduire de moitié la proportion de personnes souffrant de la faim dans le monde est encore loin d’avoir été atteint. Dans la lignée des précédentes études, ce rapport note également que la sous-alimentation est particulièrement prévalente dans les zones rurales, où les populations sont pourtant majoritairement employées dans l’agriculture et donc dans la production de denrées alimentaires. Comme nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises2, ce paradoxe apparent s’explique par les taux de pauvreté élevés qui caractérisent ces zones agricoles et rurales. De façon préoccupante pour l’avenir de l’agriculture, dans de nombreuses régions du monde, les agriculteurs ne parviennent pas en effet à subvenir convenablement à leurs besoins alimentaires et à ceux de leur famille, tant leur activité est faiblement rémunératrice. Alors que leur rôle est absolument primordial pour permettre le développement durable de la production agricole dans les années à venir, il est essentiel que ces agriculteurs bénéficient de prix agricoles suffisamment stables et rémunérateurs, leur permettant non seulement de vivre de leur activité, mais également d’investir dans leur terre. Seule une véritable gouvernance agricole mondiale, assurant et coordonnant la mise en œuvre de mécanismes de régulation des marchés dans toutes les grandes régions productrices de la planète pourra permettre une telle évolution.
La rédaction de momagri
Les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) les plus récentes sur le nombre de personnes sous-alimentées ont été publiées en 2011 pour la période 2006-2008. Elles prévoient un chiffre de 850 millions de personnes, ce qui correspond à 15,5% de la population mondiale. Cela a constitué la première évaluation basée sur des données statistiques relatives à la production d’aliments et à la consommation en 2008, et montrant l’impact réel de la crise des prix des denrées alimentaires de 2007-2008 et de la crise financière en 2008.
La situation au plan mondial n’était pas aussi sombre qu’on n’aurait pu le prévoir et le projeter initialement, grâce à des taux de croissance économique qui sont restés élevés dans de nombreux pays en développement, au moins jusqu’en 2008.
Le progrès pour réduire la faim s’est ralenti ou a stagné dans de nombreuses régions
La prévalence de la faim reste inconfortablement élevée en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, Inde exclue. Et, en dépit des réductions enregistrées de la pauvreté des revenus, il n’y a pas de signes d’amélioration des taux de sous-alimentation en Asie de l’Est depuis 2000. La disparité entre les taux de pauvreté à la baisse et les niveaux constants de sous-alimentation appelle à une compréhension améliorée des dimensions et des causes de la faim et à la mise en place de politiques et de mesures appropriées.
Les pays d’Afrique subsaharienne ont été les plus durement touchés par les crises alimentaire et financière
L’évaluation de la FAO montre que les petits pays, dépendant étroitement des produits alimentaires importés, ont été profondément affectés par les prix des produits alimentaires montant en flèche, spécialement en Afrique subsaharienne. Au contraire, quelques grands pays d’Asie ont été en mesure d’isoler leurs marchés par des politiques commerciales restrictives et de protéger leurs consommateurs avec des filets de sécurité sociaux. En conséquence, alors que le nombre de personnes sous-alimentées augmentait nettement en Afrique subsaharienne, il restait constant en Asie.
Presque un enfant sur cinq de moins de cinq ans souffre d’insuffisance pondérale dans le monde en développement
Dans les régions en développement, la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’insuffisance pondérale a diminué de 29% en 1990 à 18% en 2010. Des progrès ont été enregistrés dans toutes les régions où des données comparables sont disponibles, mais ils sont insuffisants pour atteindre la cible mondiale d’ici à 2015. Des efforts continus sont nécessaires pour réduire, entre autres, les disparités ayant trait aux différences entre urbains et ruraux et à la pauvreté.
Un indicateur tout aussi important de la santé et du statut nutritionnel des enfants dans le monde est constitué par le retard de croissance, défini comme une petite taille par rapport à l’âge. Cependant, cette condition passe souvent inaperçue dans le monde en développement. Plus courant que l’insuffisance pondérale, le retard de croissance reflète aussi de manière plus précise les déficiences nutritionnelles et les maladies durant les premières années de la vie, et qui affecteront la croissance et le développement. Bien que la prévalence du retard de croissance ait diminué de quelque 44% en 1990 à 29% en 2010, des millions d’enfants encourent le risque d’un développement cognitif et physique diminué, résultant d’une sous-alimentation à long terme.
En dépit de la preuve tangible des conséquences désastreuses, à court et à long terme, d’une carence nutritionnelle des enfants, la santé nutritionnelle n’a qu’un faible niveau de priorité. Il est temps que la nutrition reçoive une priorité plus élevée dans le programme de développement.
Il existe un certain nombre de mesures simples et peu coûteuses pour réduire la malnutrition durant la période critique allant de la conception jusqu’à deux ans après la naissance. Il s’agit, entre autres, d’améliorer la nutrition et les soins maternels, de mettre l’enfant au sein moins d’une heure après sa naissance, de pratiquer l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois de la vie et d’offrir en temps voulu une alimentation complémentaire adéquate, sûre et appropriée, et des prises de micronutriments pendant les 18 mois suivants. Des actions concertées et accélérées doivent être menées d’urgence pour fournir de telles interventions et les développer afin d’étendre les gains déjà enregistrés.
Les écarts trouvés dans la sous-alimentation entre les enfants des zones rurales et urbaines sont plus grands en Amérique latine et aux Caraïbes
Dans les régions en développement prises dans leur ensemble, les enfants vivant dans des zones rurales risquent deux fois plus de souffrir d’insuffisance pondérale que les enfants des ménages urbains. Le plus grand écart se trouve en Amérique latine et aux Caraïbes. Dans cette région, 8% des enfants souffrent d’insuffisance pondérale dans les zones rurales, plus de deux fois le taux dans les villes.
La pauvreté est un déterminant important de la sous-alimentation dans toutes les régions
Les enfants les plus pauvres risquent trois fois plus de souffrir d’insuffisance pondérale que les enfants des 20% des ménages les plus riches. L’écart est le plus élevé en Asie du Sud, où la prévalence de l’insuffisance pondérale des enfants du quintile le plus pauvre des ménages est égale à 2,8 fois celle des enfants des 20% les plus riches.
Source :Â momagri.org
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