Des jeunes femmes vivant à Bomi, au nord-ouest du Libéria, témoignent. Carmen, aujourd’hui âgée de 20 ans, n’en avait que 10 lorsqu’elle a été victime d’un viol collectif. « Pendant la guerre, 3 hommes ont tué mes parents et m’ont mise enceinte. Aujourd’hui, je vis seule avec mes 2 enfants qui ne vont pas à l’école. Il n’y a personne pour m’aider ». Pour élever son fils de 10 ans et sa fille de 7 ans, la jeune femme n’a pas d’autre choix que de travailler comme prostituée. Selon les estimations des travailleurs communautaires, 75% des femmes avec enfants dans le Comté de Bomi sont des mères célibataires.
Blessing, 27 ans, a 3 enfants de 3 pères différents. Elle gagne entre 75 et 100 dollars libériens par client – entre 0,60 à 0,85€ - et est donc obligée de trouver plusieurs clients par jour. « Qu’est-ce que je peux faire pour gagner de l’argent ? Il n’y a pas de travail ici, je ne suis pas instruite, et je suis une mère célibataire, donc c’est très difficile pour moi. Pourtant j’essaie de me sortir de la prostitution ».
LA PROSTITUTION POUR CONTINUER D’ALLER A L’ECOLE
Les adolescentes que la guerre a laissées orphelines ou dont les parents sont trop pauvres se tournent également vers la prostitution pour payer leur nourriture et leurs études. Mary, 15 ans, va à l’école la journée comme n’importe quelle adolescente. Mais la nuit, elle ôte son uniforme scolaire et accompagne les autres femmes dehors. « Je dois aller dans la rue pour gagner de l’argent. Quand je rentre dans une chambre pour coucher avec un homme, ça m’effraie ; je me sens comme une enfant ».
Kassa, 23 ans, avait 10 ans quand elle a commencé à vendre son corps. Depuis, elle a eu 2 enfants qu’elle a dû placer dans des familles aisées parce qu’elle n’avait pas les moyens de s’en occuper. « Avant, j’allais à l’école la journée et le soir je vendais mon corps dans la rue. J’ai réussi à obtenir mon diplôme mais j’ai quand même été obligée de retourner à la prostitution ».
LA FORMATION COMME REMPART A LA PROSTITUTION
Les jeunes femmes savent que les clés pour quitter la rue et assurer l’avenir des générations futures sont l’éducation et la formation professionnelle. Blessing se dit déterminée à ce que ses enfants ne soient pas comme elle. « Une chose que j’aime chez moi, c’est que oui je me prostitue, mais mes enfants vont à l’école. Je leur dis tout le temps que l’éducation est la clé du succès, qu’ils doivent se concentrer sur leurs études parce que ça les aidera plus tard ».
Etmonia Tarpeh, le ministre de l’éducation Libérien, est d’accord partage cette vision. « Toutes les écoles ont été détruites pendant la guerre, mais nous avons déjà commencé à en reconstruire. L’éducation des filles est un point très important. Pour enlever les jeunes filles et les femmes de la rue, il faut trouver des solutions pour elles. C’est ce que nous essayons de faire ».
Source: Plan International
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