L’autre crise en Libye : 2 millions d’enfants courent des risques physiques et émotionnels

Dimanche, 31 Août 2014 14:33
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Cela fait des mois que le conflit en Libye fait l’objet d’une couverture médiatique intense et on pourrait en déduire qu’il n’y a plus d’enfants dans le pays.La plupart des images publiées dans les médias montrent des soldats sur le front, un Mouammar Kadhafi plein de défiance, des avions-chasseurs de l’OTAN traversant l’horizon, et de longues queues de travailleurs migrants, hommes pour la plupart, qui franchissent les frontières avec la Tunisie et l'Égypte.

Par Christopher Tidey - Juillet 2011

 

Avant mon départ pour Benghazi, un collègue m'a demandé sarcastiquement pourquoi l'UNICEF m'avait chargé de couvrir la crise en Libye quand il apparaissait clairement d’après la télévision et les journaux qu’il n’y avait pas d’enfants dans ce pays.

Mais bien sûr, il y a des enfants en Libye. En fait, ils sont plus de deux millions de moins de 18 ans, ce qui constitue un tiers de la population totale. Et ces enfants souffrent chaque jour un peu plus des conséquences d’un conflit qui déchire leur pays depuis cinq mois. Incontestablement, la Libye est aussi une crise qui concerne les enfants.

Les enfants en danger

Depuis que la révolte a commencé, le 17 février, la plupart des grandes villes du de Libye sont, ou ont été, le théâtre de violents combats, et les enfants ont été gravement affectés.

La plus grande menace qui pèse sur les enfants, ce sont les armes autour d'eux. Dans les villes de Misrata et Ajdabiya et leurs environs ainsi que dans la région montagneuse de Nafusa, les enfants sont menacés par les mines et les restes explosifs de guerre. Dans de nombreuses villes, il y a d’énormes quantités d’armes légères provenant d’abris clandestins qui ont été ouverts au début du conflit.

On ne saurait sous-estimer ces risques. Lorsque des enfants trouvent ces armes, ils s’en servent comme des trophées ou veulent les vendre comme de la ferraille, et les risques d’accident sont grands. Il y a trois semaines, deux garçons de 10 et 15 ans ont été blessés par l'explosion accidentelle d'une grenade dans la région d’Ajdabiya.

Traumatismes psychologiques

Dans certains cas, les enfants subissent des blessures non pas physiques mais psychologiques. Beaucoup d'enfants libyens qui ont vécu des expériences traumatisantes ont un besoin urgent d'un soutien psychosocial.

Lors de ma récente visite à deux camps de déplacés dans la ville côtière d'Al-Bayda, plusieurs parents m'ont dit que leurs fils et leurs filles souffrent d'insomnie… Quand ils dorment, ils font des cauchemars. À Benghazi, où j'ai visité un club de loisirs pour enfants, une fillette de trois ans a éclaté en sanglots parce qu'elle croyait que l'appareil photo tenu en bandoulière était une arme à feu.

Les experts conviennent que, outre le soutien psychosocial à donner aux enfants, il importe de rétablir dès que possible un sentiment de normalité dans la vie de ces enfants. On peut y parvenir grâce à la routine quotidienne de l’école mais le système libyen de l'enseignement scolaire est paralysé. De Tripoli à Benghazi, les écoles sont fermées depuis le début de la crise.

Hassan, un garçon de 11 ans, m'a dit que lui et ses amis tiennent désespérément à retourner à l'école. Malheureusement, on ne sait pas quand cela pourra se passer.

La sécurité et le bien-être des enfants

Comme le conflit se poursuit, l'UNICEF et ses partenaires cherchent à assurer la sécurité et le bien-être des enfants en Libye de diverses façons, notamment :

Mais même  ces efforts sont insuffisants en raison des terribles conséquences de la crise pour les enfants de Libye. Pour l'instant, les travailleurs humanitaires n'ont pas accès aux zones de conflit et l'UNICEF et ses partenaires ont besoin du soutien de la communauté internationale.

Dans les urgences humanitaires, les enfants sont toujours les plus vulnérables et le conflit en Libye ne fait pas exception, quoi que puissent laisser entendre les informations des médias.

Source: UNICEF