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Les femmes, piliers de la société civile syrienne

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Au coeur de la guerre qui ravage la Syrie depuis trois ans, les femmes occupent une place considérable dans la société civil. Rafif Jouejati, porte-parole des comités locaux de coordination, apporte un éclairage sur le rôle crucial de ces femmes qui se battent pour la liberté.

Il a crié: "Où est sa tête? Je veux sa tête!" Non, il ne s'agissait pas d'un islamiste radical réclamant une décapitation. C'était le père d'une fillette de trois ans, dont la tête venait d'être arrachée par une bombe tombée au hasard des cibles du régime d'Assad. Le père voulait enterrer son enfant correctement et avec dignité, même si cela signifiait devoir récupérer les membres éparpillés de sa fillette assassinée.

La violence en Syrie déchire continuellement le pays. Nous ne cessons de compter les morts et les victimes, et ce nombre continue d'augmenter. Dans le même temps, le nombre des réfugiés et des personnes déplacées augmente encore plus vite. Le monde est au courant des atrocités commises par le régime de Bachar El-Assad contre son propre peuple. Au cours des trois dernières années, plus de 9 millions de syriens ont été contraints de quitter leurs maisons pour échapper à la violence; sur ces 9 millions plus de 70 % d'entre eux sont des femmes et des enfants.


Les femmes syriennes, tout comme leurs homologues masculins, sont descendues dans les rues en mars 2011 pour réclamer la démocratie, l'égalité et la fin de la tyrannie. Les chants de la révolution proclamaient la liberté, la dignité et la démocratie. Des femmes civiles non armées rêvaient d'une nouvelle Syrie à l'issue du Printemps arabe et ont manifesté aux côtés des hommes. La répression impitoyable des manifestations par le régime d'Assad a déclenché une escalade de violence, au cours de laquelle les femmes ont été touchées de façon disproportionnée. Les témoignages tragiques des violences commises contre les femmes par le régime et les djihadistes font aujourd'hui partie de notre quotidien.

Les femmes syriennes ont subi des violences disproportionnées

Des femmes ciblées par des tireurs d'élite, torturées et violées, souvent devant leurs enfants et leurs maris. De nombreuses personnes ont témoigné des épisodes d'une brutalité inqualifiable: des femmes ciblées par des tireurs d'élite, enlevées et utilisées comme marchandises en échange de prisonniers; torturées et violées, souvent devant leurs enfants et leurs maris. Nombreux également sont les témoignages de femmes victimes de viols collectifs perpétrés par les redoutables forces paramilitaires du régime (la shabbiha), insérant des souris et des rats dans le vagin de leurs victimes après les viols collectifs. Au mois de novembre 2013, la ville de Homs comptait à elle seule environ 400 "maisons de viols".

Malgré ces violences faites aux femmes syriennes, ces dernières sont un pilier inébranlable de la société civile en Syrie. Une société civile qui, malgré la violence, est toujours active et continue à manifester pacifiquement et qui- du mieux possible- essaie de se livrer en nourriture et en aide destinée à leurs familles, amis et aux gens dans le besoin. Le bénévolat dans les hôpitaux de fortune et l'aide humanitaire prodigué dans certaines des régions les plus touchées par la guerre en Syrie, exposent les femmes à de nombreuses menaces.

Ignorant les risques, les femmes continuent à jouer un rôle crucial en fournissant abris, nourriture, et soins.

Noura al-Ameer, la vice-présidente de la délégation de l'Opposition syrienne lors des négociations de Genève II, en a fait elle-même l'expérience lorsqu'elle a été emprisonnée et torturée pour sa participation aux opérations de secours humanitaires et aux manifestations contre le régime. Avant de rejoindre la Coalition nationale syrienne, Noura était une militante anti-gouvernementale du terrain. Lorsqu'elle a décidé de se joindre à la Coalition, c'était justement pour défendre les droits et de représenter les valeurs des femmes syriennes au niveau politique. Noura, aussi admirable qu'elle est, appartient aux centaines de milliers de femmes qui se sont engagées volontairement à oeuvrer pour la transition démocratique, et pour que la liberté triomphe face à la tyrannie. Cette liberté doit commencer par la restauration du respect droits de l'homme.

Les Syriennes jouent un rôle déterminant dans l'aide humanitaire

Ignorant les risques, les femmes continuent à jouer un rôle crucial en fournissant des abris, de la nourriture et des soins de santé aux autres femmes, aux enfants et aux soldats blessés. Elles organisent des activités de formation dans les camps de réfugiés et contribuent à entretenir la flamme de la révolution pacifique. Aussi, elles travaillent bénévolement comme enseignantes, conscientes du fait que des centaines de milliers, voire des millions d'enfants, ne peuvent fréquenter l'école depuis plus de trois ans.

La Coalition nationale syrienne (CNS) reconnaît pleinement le rôle essentiel joue par les femmes dans la société civile syrienne et les implique a part entière dans le processus de transition démocratique. Exemples parmi d'autres, la Coalition a nommé deux femmes dans l'équipe de négociation à Genève et a désigné plusieurs conseillères et consultantes au sein de la Délégation. Elle a également élargi la représentativité de la Coalition nationale syrienne afin refléter au mieux la diversité de la société syrienne.

Cette vision de la Coalition a été codifiée dans le Communiqué de Genève, adopté en juin 2012, qui prévoit expressément une représentativité des femmes dans le processus de transition, afin d'assurer la création d'une société respectant l'égalité des droits de tous. Ceci s'impose en contradiction aux préjugés communément répandus sur le régime Assad, portants notamment le fait qu'il est 1) laïque et 2) un défenseur des droits des femmes. Ces affirmations sont fausses. En effet, le régime d'Assad a longtemps utilisé des groupes minoritaires syriens pour promouvoir le sectarisme en prétendant protéger les minorités au détriment de la majorité. Cela, bien sûr, était conçu pour couvrir le fait que le régime d'Assad a systématiquement privilégié des proches et des loyalistes par rapport à d'autres candidats qualifiés pour des postes dans le gouvernement et dans le secteur privé. En ce qui concerne les droits des femmes, la Syrie n'a jamais souffert du même type d'oppression vis-à-vis des femmes comme c'est le cas dans certains pays comme l'Arabie Saoudite. Cela est dû à la lutte et à l'exploit des femmes syriennes bien avant l'arrivée au pouvoir de Bashar El-Assad ou de son père.

Lutter pour les droits des femmes, c'est lutter pour les droits de l'Homme

Pourtant, nous devons tous veiller à ce que la voix des femmes syriennes soit plus forte et pleinement entendue par la communauté internationale. La CNS, reconnue au niveau international comme le représentant du peuple syrien, est déterminée à faire en sorte que la volonté et les points de vue des femmes fassent partie intégrante du processus actuel de négociation à Genève, ainsi que de l'organe de transition gouvernemental- le gouvernement de transition qui doit être négocié comme l'un des principaux objectifs du processus de Genève II.

Il est important de noter que lors de son discours de clôture de la première série de pourparlers de Genève, Ahmad Jarba, président de la CNS, a spécifiquement visé les femmes en tant que partenaires égaux dans la lutte pour la démocratie. En outre, la charte de la CNS prévoit spécifiquement la mise en place d'une nation démocratique dans laquelle tous les citoyens, quel que soit leur sexe, origine ethnique ou appartenance religieuse ou culturelle, sont égaux devant la loi. Enfin, l'une des valeurs à la base de la révolution syrienne était la quête des droits de l'homme et, les droits des femmes, font intrinsèquement partie des droits de l'homme.

Entre-temps, le conflit syrien a trop souvent été incarné et réduit à une lutte entre le régime et les groupes extrémistes. Cela a permis à Assad de prétendre qu'il défend son pays contre le terrorisme, alors qu'en fait, il ne s'agit que d'une excuse cynique pour continuer à tuer son propre peuple. C'est pourquoi je demande à la communauté internationale de continuer à soutenir la société civile, y compris les femmes syriennes, qui continue à lutter contre la tyrannie et à oeuvrer à une transition démocratique. La Syrie de demain doit être représentée par des citoyens qui oeuvrent pour la liberté, la démocratie et le respect des droits de l'homme- y compris les droits des femmes et des enfants.

 

A travers cette section, le ROFAF aimerait informer son audience sur les différents processus en cours pour l’élaboration du nouveau cadre de développement pour l’Après 2015, les actions de mobilisation et de plaidoyer entreprises pour les droits des femmes ainsi que les différentes possibilités d’engagement qui existent encore. En savoir plus


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