Municipales 2014 : malgré la parité sur les listes, peu de femmes sont maires

Mardi, 04 Mars 2014 18:03
Imprimer

Au terme de la bataille entre les candidates PS et UMP, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, Paris aura, pour la première fois, une femme maire, rejoignant ainsi le cercle très restreint des capitales­ dirigées par le «?deuxième sexe?» (Varsovie, Madrid, Sofia…). L’exception qui confirme la règle?? Actuellement, moins de 14?% des 36.769 maires sont en effet des femmes. Un chiffre qui varie peu selon la taille des communes, même si les femmes sont plus nombreuses à tenir la responsabilité de premier édile dans les petites commune (celles de moins de 3.500 habitants avec un taux de 14,3?%, selon le ministère de l’Intérieur) et plus rares dans les municipalités de 100.000 habitants et plus, avec cinq femmes, dont une seule issue de la droite?: les socialistes Martine Aubry à Lille , Hélène Mandroux à Montpellier et Adeline Hazan àReims , Huguette Bello (PLR) à Saint-Paul de La Réunion et l’UMP Maryse Joissains àAix-en-Provence .

Si ces taux demeurent très faibles, ils ont tout de même quasiment doublé depuis mars 2001 pour les communes de moins de 3.500 habitants (7,8?% à l’époque) et sont passés pour les villes de plus de 100.000 habitants de 2,9?% à 13,5?%. Les conseils municipaux en effet ne cessent de se féminiser, grâce à la réforme constitutionnelle de 1999 et aux lois de parité –?d’abord celle de 2000, puis celle de 2007, qui a imposé sur les listes dans les communes de plus de 3.500 habitants une stricte alternance femme-homme. Leurs conseils municipaux sont désormais quasi paritaires, avec 48,5?% de femmes, relève le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Et ce mouvement doit s’amplifier à l’occasion des municipales cette année, en vertu de la loi du 17 mai 2003 qui réforme le scrutin pour les conseillers municipaux et communautaires?: désormais, la règle de stricte alternance s’applique dans les communes de plus de 1.000 habitants. Ce qui touche 6.550 municipalités. Avec un effet massif?: le 30 mars, ce sont 16.000 conseillères municipales supplémentaires qui vont faire leur entrée sur la scène politique.

Répartition inégale des responsabilités

Malgré ces avancées au forceps, de nombreux progrès restent à faire, au-delà de la «?parité quantitative?», dans la «?parité qualitative?», selon les termes du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. En clair, dans le partage des responsabilités. Ainsi, sur la «?force de la domination masculine en politique [... ], le constat est sans appel?» à la lumière de la répartition des attributions au sein du conseil municipal, selon une étude menée dans les villes moyennes par le sociologue Michel Koebel, maître de conférences à l’université de Strasbourg. «?En dehors du sport, délégation peu prestigieuse mais quasi exclusivement masculine, la plupart des attributions les plus élevées dans la hiérarchie municipale sont massi­vement confiées à des hommes.?» Et à des hommes de plus de quarante ans, cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure. C’est le cas pour les finances (80?%), délégation souvent réservée au premier adjoint, l’urbanisme, les travaux, la circulation ou la sécurité.

A l’inverse, «?les délégations les moins convoitées sont majoritairement confiées à des femmes?». Exception cependant avec les affaires sociales, qui leur échoient régulièrement et sont à un niveau élevé de la hiérarchie municipale.

Il existe, en outre, des différences selon les couleurs politiques, les mairies PS ayant un taux de féminisation de 43?% pour les deux premiers adjoints –?aux délégations les plus lourdes?– quand les mairies de droite affichent un taux de 30?%. Mais, relève aussi l’étude, quand le maire est une femme, la «?répartition des rôles va plutôt dans le sens d’un renforcement de la domination masculine?».