La Banque africaine de développement est une institution majeure pour le continent dont le champ d’action et surtout le montant des prêts alloués n’ont cessé d’augmenter. Notamment ces dix dernières années alors que Donald Kaberuka était le président de l’institution. En 45 ans, la Banque a financé plus de 4 500 projets, pour un montant total de 119 milliards de dollars. Elle dispute aujourd’hui à la Banque mondiale le rang de premier contributeur au développement de l’Afrique mais il ne faut pas pour autant opposer les uns aux autres car le financement de grands projets d’infrastructures se fait généralement avec une équipe de bailleurs. Mais en devenant un interlocuteur incontournable sur le continent la BAD, dont les actionnaires sont les Etats africains, peut mieux influer sur le choix de tel ou tel projet qui parait bénéfique pour le continent dans son ensemble.
Pour la succession de Donald Kaberuka, ils sont huit candidats à briguer le poste : une femme et sept hommes. Cristina Duarte est ministre du Plan au Cap-Vert. Ce petit pays des confins de l’Afrique de l’Ouest étonne bon nombre d’observateurs par ses progrès économiques, sa croissance. Cristina Duarte aurait le soutien de bon nombre de pays lusophones et a l’avantage de parler parfaitement plusieurs langues, dont le français.
Toujours en Afrique de l’Ouest, le Malien Birama Boubacar Sidibé, qui est du sérail puisqu’il fut cadre de la BAD pendant plus de 20 ans, est également candidat. Ouest-Africains également, Samura Kamara, le ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone ou bien Akinwumi Adesina, le Nigérian et agronome de formation. Enfin on compte encore parmi les postulants, le Tunisien Jalloul Ayed, éphémère ministre des Finances du Premier ministre Rached Ghannouchi. Le Tchadien Bedoumra Kordjé, lui aussi ex-administrateur de la BAD. L’Ethiopien Ato Sufian Ahmed qui est ministre des Finances depuis près de 20 ans. Et enfin le Zimbabwéen Thomas Zondo Sakala, lui aussi ancien vice-président de la Banque de développement et seul représentant de la zone SADC, la Communauté de développement d'Afrique australe.
Une succession disputée
De l’efficacité du travail de lobbying que chacun aura fait avant les assemblées annuelles à Abidjan dépendent leurs chances d'être choisis. Car les programmes sont assez similaires et se placent pour la plupart dans la continuité de ce qu’a initié le président Kaberuka. Peut-être faudra-t-il se démarquer de la concurrence en en mentionnant sa volonté d’accentuer les financements de projets industriels qui, s’ils progressent sur le continent, font encore grandement défaut et pourraient générer de la main-d’œuvre. On évoque aussi l’importance de favoriser l’intégration régionale et les échanges commerciaux sous-régionaux par des financements opportuns dans le transport ferroviaire par exemple. Mais il y a fort à parier que ce sont des enjeux géostratégiques qui feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre et fédéreront derrière un nom la majorité des 53 pays africains actionnaires et des 26 pays non régionaux.
L’usage veut aussi qu’un francophone succède à un anglophone ce qui peut jouer en faveur du candidat malien qui aurait, dit-on, l’appui de bon nombre de pays de la zone UEMOA et au-delà de la Cédéao aussi. Mais Cristina Duarte, bien que lusophone, peut aussi faire bonne figure dans ces communautés économiques (de chacune respectivement 8 et 15 pays). Désigner Jalloul Ayed serait renvoyer l’ascenseur à la Tunisie qui a accueilli pendant plus dix ans le siège de la BAD en exil. Le Nigeria Akinwumi Adesina est également francophone alors pourquoi ne pas élire le représentant de la première économie du continent ? Peut-être par ce que ce candidat a été désigné du temps de Goodluck Jonhatan qui n’est plus aujourd’hui le président du Nigeria. Les jeux sont donc très ouverts et finalement cela pourrait se jouer lors des entretiens, façon grand oral, que chacun devra passer dans la journée de jeudi.
Le devenir de Donald Kaberuka est un aussi la grande question de ces assemblées annuelles. De quasi-inconnu, celui qui quittera son poste en septembre s’est imposé comme un personnage qui compte et dont écoute l’avis en Afrique et au-delà du continent. Certains lui prêtent un destin présidentiel d’autant plus que l’on sait que Paul Kagame doit quitter ses fonctions l’an prochain au Rwanda. Mais le futur « ex » reste extrêmement discret et prudent sur son futur. Les opportunités ne manquent pas. On a vu récemment l’ancien responsable politique français Jean-Louis Borloo le courtiser sur ses projets d’électrification du continent. Mais certains esprits facétieux estiment que Donald Kaberuka ne serait pas forcément très emballé tant il est vrai qu’à la BAD on n’a pas attendu Jean-Louis Borloo pour découvrir les problèmes d’électricité sur le continent.
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